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« La République des lettres » recense les « Lettres » de E.M. Cioran et A. Guerne

jeudi 21 avril 2011

[…] On voit par là que l’Académie mérite bien sa réputation de maison d’infinie tolérance. Et là-dessus, roulements de tambours dans un concert de sifflements de sonotones ! D’aucuns se sont damnés pour jouir de cet insigne honneur. Ce syndrome est de tous temps. Dans une lettre du 9 mars 1964, qui figure dans sa correspondance avec Armel Guerne qui vient de paraître (Lettres, 1961-1978, L’Herne), Emil Cioran écrit :

« Je suis sorti indemne des épreuves académiques ou autres. Au cocktail offert après la Réception je ne suis resté qu’une minute en tout et pour tout. Il est à peine concevable qu’on puisse se prêter à des cérémonies aussi ridicules et aussi funèbres qui, je l’ai remarqué avec quelque soulagement, n’intéressent que les femmes. Seul moment curieux sous la Coupole : l’entrée des académiciens, saluée par la fureur des tambours. Une véritable cour des Miracles… Ces octogénaires en uniforme, difformes, éclopés, aux gueules haineuses et sinistres, on les voit beaucoup mieux en clochard, sur le quai d’en face, autour d’une bouteille de rouge » ;

Cioran n’avait pu se dérober tant à la remise de l’épée qu’à la réception de Jean Paulhan…

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Lettres 1961-1978

De Emil Cioran et Armel Guerne

Annoté et préfacé par Vincent Piednoir

Essais

19 € – 296 pages