Francis Ponge

(1899 – 1988) C’est la publication, en 1942, du Parti pris des choses qui fit reconnaître comme un écrivain et poète de grande valeur Francis Ponge. Ce recueil pose les principaux éléments de son projet poétique, loin des convulsions et de l’automatisme dont les surréalistes avaient donné l’exemple. Ponge y choisit en effet d’être le poète du quotidien, du matériel, des objets et des choses (« l’Huître », « le Savon », « l’Orange », « la Cruche », « l’Appareil du téléphone »). Loin de percevoir et de montrer le monde à travers sa subjectivité de poète, Ponge prend le parti des choses, et cherche à leur donner par les mots la possibilité d’une expression. Par une savante et complexe utilisation de l’étymologie, de la graphie, des sons, des jeux de mots, des figures, la poésie de Ponge devient une sorte de redoublement du réel, qui cherche à abolir la distinction entre le mot et la chose. De retour à Paris après la guerre, Ponge se mit à enseigner tout en poursuivant son œuvre poétique (Proêmes, 1948, La Rage de l’expression, 1952, Le Grand Recueil, 1961, Nouveau Recueil, 1967). Il écrivit également des essais qui éclairent sa pratique poétique : Pour un Malherbe (1965), Méthodes (1971), la Fabrique du pré (1971), Comment une figue de paroles et pourquoi (1977). Salué par Jean-Paul Sartre, puis par Philippe Sollers et le groupe de Tel Quel, qui voyait en lui un des auteurs majeurs de la poésie contemporaine, Ponge, longtemps lu par un groupe restreint d’initiés, fut consacré, tardivement, par le grand prix de poésie de l’Académie française en 1984.