La guerre civile en France

Karl Marx
Collection : Carnets de L'Herne
Parution : 30/11/2016
Pages : 128
ISBN : 9782851978264

Un pamphlet écrit « à chaud », en mai 1871, au moment de la Semaine sanglante, qui vit l’écrasement final de la Commune et l’exécution massive des insurgés. Karl Marx est, à la fois, enthousiaste devant la révolte des Communards contre les Versaillais et prudent, pour ne pas dire, circonspect. Il qualifie l’insurrection – qu’il suit avec une extrême attention, de Londres, où il réside alors – de « folie désespérée ». Car, si les Parisiens ont témoigné d’initiatives remarquables et de sacrifices héroïques, ils se sont aussi coupés de la Province et des campagnes. Faute de levée en masse, la Commune insurrectionnelle était condamnée à ne pas durer. La révolution prolétarienne ne pouvait avoir lieu. Faute aussi de leader politique, capable de voir plus loin que les seules barricades. Des analyses, que contesteront bien des penseurs anarchistes, mettront au coeur de toute contestation de l’ordre, l’initiative de petits groupes déterminés, en marge des organisations ouvrières centralisées et hiérarchisées. La Commune de Paris n’était pas socialiste, dira-t-il, et ne pouvait l’être.

« Dans toute révolution, il se glisse, à côté de ses représentants véritables, des hommes d’une tout autre trempe ; quelques-uns sont des survivants des révolutions passées dont ils gardent le culte ; ne comprenant pas le mouvement présent, ils possèdent encore une grande influence sur le peuple par leur honnêteté et leur courage reconnus, ou par la simple force de la tradition ; d’autres sont de simples braillards, qui, à force de répéter depuis des années le même chapelet de déclamations stéréo¬typées contre le gouvernement du jour, se sont fait passer pour des révolutionnaires de la plus belle eau. Même après le 18 mars, on vit surgir quelques hommes de ce genre, et, dans quelques cas, ils parvinrent à jouer des rôles de premier plan. Dans la mesure de leur pouvoir, ils gênèrent l’action réelle de la classe ouvrière, tout comme ils ont gêné le plein développement de toute révolution antérieure. Ils sont un mal inévitable ; avec le temps on s’en débarrasse ; mais, précisément, le temps n’en fut pas laissé à la Commune. »